Du point de vue de l’enseignement des langues, la langue voisine peut avoir une influence significative sur la volonté future des peuples d’apprendre d’autres langues. Pour développer les compétences linguistiques et des modèles qui motivent l’acquisition de langues par des émotions positives, les langues devraient être perçues comme précieuses et utiles. Dans ce contexte, une région frontalière joue un rôle clé car elle représente une proximité géographique, sociale, historique, économique et politique avec la langue et le pays voisins. Cette proximité offre des possibilités uniques d’enseignement des langues (qui sont souvent négligées dans la pratique quotidienne de l’enseignement).

Elle offre, entre autres, l’occasion d’acquérir des compétences interculturelles dans le pays voisin d’une manière unique, car, dans les régions frontalières, vous pouvez être «à la fois cognitivement et émotionnellement» chez vous dans plus d’un espace culturel. Toutefois, cela nécessite des changements fondamentaux dans les attitudes que les personnes des deux côtés de la frontière ont l’une envers l’autre. Elle nécessite également des changements dans la manière dont les personnes s’identifient à la région frontalière. Une approche linguistique du voisin peut contribuer à promouvoir ces changements souhaitables, mais elle nécessite également des mesures de politique linguistique qui favorisent l’apprentissage des langues voisines (cf. Polzin-Haumann, Putsche et Reissner 2019  ; Raasch 1999/2002/2005).

À des fins didactiques, les régions frontalières offrent des possibilités uniques et des espaces d’apprentissage sans pareil. En franchissant les frontières, les personnes peuvent découvrir la langue et les situations interculturelles voisines dans un contexte quotidien, ce qui peut se produire dès le plus jeune âge. La langue et la culture du voisin ou des voisin·es peuvent être découvertes concrètement et en interaction directe avec les locuteur·rices natif·ives. Les étudiant·es peuvent ainsi faire l’expérience que la langue voisine est utile dans la vie quotidienne, tout en jetant des ponts par-delà les frontières.

Le modèle a été développé dans le cadre d’une recherche-action, en particulier dans la région frontalière franco-allemande Alsace/Bade-Wurtemberg (cf. Faucompré 2014, 2017, 2018 ; Faucompré et Putsche 2015, 2017 ; Putsche 2013, 2016 ; Putsche et Faucompré 2016, 2017). 

Il est important que la didactique de la région frontalière commence par le cadre de vie spécifique des apprenant·es. Une première étape consiste à se poser des questions telles que : Quels sont les éléments qui intéressent les apprenant·es de mon groupe actuellement (pendant leur temps libre, à l’école,...) ? Qu’est-ce qui est important pour eux·elles ? Ont-ils·elles déjà eu une expérience de la région frontalière ? Ont-ils·elles participé à un échange ou à un stage ? etc. Vous pouvez également discuter de ces questions avec vos élèves ou étudiant·es et découvrir ensemble des expériences, des défis et des besoins. En fonction de votre réflexion et/ou de votre discussion, vous pouvez choisir du matériel linguistique authentique de la région frontalière pour vos cours de langue, par exemple un prospectus provenant d’un musée, une publicité alimentaire, un site web d’entreprise, etc. En fonction du secteur professionnel, vous pouvez également combiner apprentissage de la langue et le contenu professionnel. De cette manière, en tant qu’enseignant·es, vous pouvez faciliter et soutenir les processus de motivation, de sensibilisation et de réflexion des élèves. 

Mais comment parler des langues du voisin ?

Références en danois, français et allemand

Daryai-Hansen P. (2010), “Repræsentationernes magt – sproglige hierarkiseringer i Danmark”, in Jørgensen J. N. and Holmen A. (eds), Københavnerstudier i Tosprogethed No. 58, pp. 87-105.

Faucompré C. (2014), Vers la mise en place d’une didactique transfrontalière dans un Gymnasium en région frontalière. Mémoire de Master en sciences du langage (mention didactique des langues), Université de Strasbourg.

Faucompré C. (2017), “Cross-border cooperation between a researcher and teachers to optimise the teaching of the neighbour’s language”, in Mentz O. and McKay T. (eds), Unity in diversity. European perspectives on borders and memories (Europa lernen No. 7), Münster, pp. 102-121.

Faucompré C. (2018), “L’enseignement de la langue du voisin en région frontalière : quelles compétences inter- et intra-culturelles définir ?”, in Komur-Thilloy G. and Djordjevic S. (eds), L’École, ses enfants et ses langues, Paris, pp. 181-196.

Faucompré C. and Putsche J. (2015), “Un exemple d’activité pédagogique dans le cadre d’une didactique des langues en région frontalière : Le cas d’un cours de français en 5. Klasse dans la ville de Kehl, Bade-Wurtemberg”, in Nouveaux Cahiers d’Allemand No. 2/2015, pp. 161-176.

Faucompré C. and Putsche J. (2017), “Déconstruire les représentations des futurs enseignants de langues face à l’enseignement en région frontalière”, in Elmiger D., Racine I. and Zay F. (eds), Processus de différenciation : des pratiques langagières à leur interprétation sociale, Neuchâtel, pp. 227-238.

Hansen C. F. et al. (2022), Dansk-tysk nabosprogsdidaktik, Interreg 5A-projektet KursKultur 2.0., available at www.kulturakademi.de/dk/wp-content/uploads/sites/3/2022/07/Nabosprogsdidaktik.pdf, accessed 12 October 2023.

Polzin-Haumann C., Putsche J. and Reissner C. (2019), “Wege zu einer grenzüberschreitenden deutsch-französischen Fremdsprachendidaktik. État des lieux, enjeux, perspectives”, in Polzin-Haumann C., Putsche J. and Reissner C. (eds), Wege zu einer grenzüberschreitenden deutsch-französischen Fremdsprachendidaktik. État des lieux, enjeux, perspectives, St. Ingbert, pp. 7-36,

Putsche J. (2011), Spracheinstellungen von Grundschülerinnen und Grundschülern in einer Grenzregion. Qualitative Untersuchung in zwei paritätisch unterrichteten ersten Klassen mit Zielsprache Französisch, Bern.

Putsche J. (2013), “‘Meine Vorstellung war, dass es viel stärker wäre‘. Berufliches Selbstverständnis von zukünftigen Fremdsprachenlehrer/innen in einer Grenzregion”, Babylonia No. 1/2013, pp. 65-70.

Putsche J. (2016), “Qu’est-ce qu’une didactique des langues transfrontalière et comment conscientiser les enseignants de langues pour celle-ci ?”, Synergies Pays Germanophones No. 9, pp. 47-61.

Putsche J. and Faucompré C. (2016), “Formation des professeurs de langues en région frontalière : Croyances et représentations des futurs professeurs d’allemand en Alsace face à l’enseignement de la langue du voisin”, Education et Sociétés plurilingues No. 40, pp. 47-60.

Putsche J. and Faucompré C. (2017), “Lehrkontext Grenzregion: Affekt und Kognition von FremdsprachenlehrerInnen der Nachbarsprache”, in Zeitschrift für Interkulturellen Fremdsprachenunterricht No. 22(2), pp. 143-154.

Raasch A. (ed.) (1999), Fremdsprachendidaktik für Grenzregionen. Konzepte, Erfahrungen, Anregungen, Saarbrücken.

Raasch A. (2002), L’Europe, les frontières et les langues. Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe – De la diversité linguistique à l’éducation plurilingue, Conseil de l’Europe, Strasbourg, available at https://rm.coe.int/l-europe-les-frontieres-et-les-langues/1680886eb7.pdf, accessed 23 August 2018.

Raasch A. (2005), “Grenzkompetenz – Ein Weg nach Europa. Wissenschaften im Gespräch”, in Denk R. (ed.), Nach Europa unterwegs. Grenzüberschreitende Modelle der Lehrerbildung im Zeichen von europäischer Identität und Mehrsprachigkeit, Herbolzheim, pp. 119-129.

Raasch A. (2008), “Von Baden-Württemberg nach Europa und zurück. Sprachenlernen und Sprachenlehren als sprachenpolitisches Handeln”, Synergies Pays germanophones No. 1, Berlin, pp. 21-40.

Risager K. (2005), Sproglige eksklusionshierarkier – de hundrede sprogs betydning, Minoritetsstudiers værksted No. 2, Minoritetsstudier, Københavns Universitet.

Spaniel-Wiese D. (2018), Europäische Mehrsprachigkeit, bilinguales Lernen und Deutsch als Fremdsprache, Berlin.